Philippe Schintowski - Cabinet de Thérapies Brèves

Etre soi !

« Etre soi », c’est le motto des 30 dernières années, préconisés par les psychologues, les thérapeutes, ou les organisateurs de stage de développement personnel. C’est un beau programme!

Dans les sociétés passées (mais encore aujourd’hui dans certaines cultures!), l’individu n’existait pas ou n’avait pas ou peu d’importance, seul le groupe comptait: on chassait en groupe, on faisait les travaux des champs ensemble, on travaillait à vie pour son entreprise ou pour le Parti … 

« Avec le temps, va tout s’en va », le groupe a perdu de son intérêt, il s’est délité. L’individu s’est retrouvé perdu, sans amarre, sans repère, sans intérêt. Il a été alors nécessaire de le remettre dans une dynamique d’existence (énergie de vie) pour lui donner un but, de la valeur, du lustre, d’où l’émergence de la psychologie et du développement personnel.

C’est important effectivement d’être soi, d’agir selon ce qui fait du sens pour nous. Ce n’est pas un voyage dont l’itinéraire me semble si facile car en réalité nous sommes déjà deux à l’intérieur de nous même, à percevoir et à aligner, notre soi et notre Soi. « Etre soi » ou/et « être Soi »? 

Est ce si évident de nous connaitre? De nous accepter? D’aligner nos comportements à nos pensées? N’est ce pas le voyage, la recherche de toute une vie?

« Etre soi », rejoint par certains aspects, me semble-t- il, ce débat sur la Liberté : où commence-t-elle ? Où se finit-elle? Où empiète-t-on sur celle du voisin?. Car « être soi » a un risque : que fait-on de nos besoins versus ceux des êtres qui nous entourent, proches ou non? Peuvent-ils remettre en question la satisfaction de nos besoins et réciproquement?

Quel est le risque de nous isoler, de nous individualiser en oubliant que l’autre existe. Déjà que « Je est un autre » selon  Rimbaud, et que l’autre n’est qu’un autre « Je », cela complique la vie en société, n’est ce pas?. 

Nous sommes tous issus de la même Source, nous sommes tous particules de Lumière, faits de la même manière, matière. 

Notre société a tendance depuis longtemps à oublier l’autre: seule compte notre performance, la victoire sur l’autre et la satisfaction de nos propres besoins. Existe-il des jeux télévisés où le gagnant est celui qui a su amener son équipe à la victoire ou qui a su aider les autres concurrents? Ce serait disruptif …

D’ailleurs connaissez-vous des stages en développement relationnel pour apprendre à vivre avec l’autre? Je ne crois pas pour « l’autre en général »; pour les couples, c’est confidentiel, on y va quand son couple est au bord de la rupture.

L’échec d’un couple sur deux ne témoigne-t-il pas justement que chacun ne se polarise que sur ses propres besoins. En tous les cas, que l’Amour est mal géré au fil du temps …

C’est me semble-t-il, tout l’enjeu de la nouvelle société à mettre en oeuvre, vivre ensemble et respecter l’autre tout en étant aligné avec soi/Soi. 

Ce serait la société où l’amour et l’Amour règneraient. Une utopie? Je ne crois pas. C’est une question politique au sens littéral du terme, vie de la cité. A nous de décider.

Ressentir les besoins de l’autre, et y répondre naturellement, spontanément, amèneront peu à peu à recevoir soi-même la réponse à nos besoins. L’amour conscient, n’est ce pas cela?